dimanche 24 février 2013

Les classes nouvelles 1946-1952

Je me permets de reprendre cette information tirée de Clioweb à propos des classes nouvelles, puisque par un effet du hasard les deux derniers articles publiés ici, tirés de "l'Information historique" et signés Madeleine Schnerb, portaient sur un cours en cinquième nouvelle.

"Les classes nouvelles 1946-1952


Hier après-midi, lors des journées de Caen, deux interventions sur les classes nouvelles
http://www.unicaen.fr/recherche/mrsh/cerse/6434

- Pour Antoine Savoye, l'invocation fréquente du plan Langevin-Wallon a probablement fait écran. Elle a fait oublier l'importance des classes nouvelles mises en place au collège entre 1946 et 1952, sous l'impulsion de Gustave Monod et de Jean Bayet. Une réalité qui a concerné au moins 18 000 élèves et environ 700 classes.

Dans celles-ci, les effectifs étaient limités à 25 élèves.
Une équipe de 3 profs volontaires (lettres, sciences, langues) était incitée à mettre en oeuvre une pédagogie active et à partir de l'observation attentive des élèves.
Souci d'une éducation intégrale, les travaux manuels, l'EPS et les arts complétant les disciplines classiques. L'étude du milieu y semble une des innovations majeures."

vendredi 22 février 2013

La question d’Orient au Moyen Age dans une cinquième nouvelle (suite)

 suite de l'article sur "comment étudier dans une Cinquième nouvelle la question d'Orient au Moyen âge" ...

 NOTE
 I- Comment finit l'Empire universel

A) Après le partage de l'Empire romain, au moment des invasions barbares, l'Empire d'Orient travaille à se rendre indépendant :
a) Il expulse les milices barbares gothiques (Theodoric, chef des Goths, évacue la Mésie en 488, après avoir reconquis l'Italie. Cf. la faiblesse de l'Empire d'occident qui, lui, ne peut se défaire de ses barbares).
b) Il lutte héroïquement contre les Huns qui se heurtent à la grande muraille de Constantinople et refluent ver l'Occident.
c) Il renonce à l'Empire d'Occident (Cf. Rapports avec les Rois francs).
d) Il abandonne l'Afrique devant l'habileté cauteleuse de Genséric, Roi des Vandales.

B) Les conquêtes de Justinien (se reporter au manuel, très suffisant).

C) Maintien des frontière justiniennes par ses successeurs Maurice et Tibère. Mais déjà, dualité de préoccupations (Perse et Occident). Une diplomatie active réussit à neutraliser les Lombards, contre qui les Rois francs s'emploient ; au VIIe siècle, Héraclius, grand stratège, réussit, par un mouvement aussi audacieux que celui d'Annibal contre Rome, à porter la guerre au cœur de la puissance perse Sassanide.

D) La poussée arabe (bien exposée dans les livres de classe) compromet définitivement l'Empire Universel dont l'existence est liée à la possession de l’Égypte : dès lors, l'Empire Byzantin est réduit à son domaine géographique (lire comment Constantinople est sauvée de la conquêt arabe par l'utilisation du feu grégeois, ancêtre de l'artillerie ; BREHIER, p 62, 63).



II- L'Empire Hellénique
Il correspond à, peu près au domaine géographique dont le foyer est Constantinople, qui a une langue (le grec) et une religion. Plus réduit, il a l'avantage de bénéficier de lignes intérieures pour assurer sa défense.
A) Le VIIIe siècle est marqué par une défensive heureuse contre les Arabes grâce à l'appui arménien ; mais les Bulgares franchissent les Balkans ; surtout le couronnement de Charlemagne est un gros échec pour Byzance dont la diplomatie n'obtient aucune compensation.

B) Au début du IX e siècle, la défensive échoue aussi bien du côté des Bulgares qui ne sont repoussés que sous les murs de la capitale, tandis que les pirates scandinaves, sarrazins et narentans infestent les mers.

C) A la fin du IX e siècle, la défense réussit, grâce à l'appui du pape, qui ne compte plus sur les Carolingiens (faiblesse de Charles le Chauve) ;
à la conversion de peuples slaves (Moraves, Bulgares) par Méthode ;
à la décomposition du califat abbasside d'orient;
à l'alliance avec les Magyars qui prennent à revers les Bulgares ;
à la résistance efficace de Constantinople, attaquée par la flotte russe du Prince Igor (941).

D) L'épopée byzantine du Xe au XIe siècle, sous les règnes de Constantin Porphyrogénète, Romain II, Nicéphore Phocas, Basile II, se développe sur quatre théâtres :
a) Sur le Danube, un traité avec les Hongrois permet la conquête de la Bulgarie ;
b) En Méditerranée orientale, les Etats arabes isolés, la Crête est reprise aux pirates, la Syrie, l'Arménie sont conquises ;
c) En Mésopotamie, les troupes byzantines sont victorieuses;
d) En Italie, Venise devient, après le couronnement du Roi Germanique Otton comme Empereur, en 962, l'allié de Byzance ;
Enfin, la Russie est convertie au christianisme.

E) L'expansion prend fin : devant l'invasion russe (la Russie, devenue chrétienne et plus puissante, se retourne comme jadis la Bulgarie contre Byzance); devant la menace Petchénègue, peuple turc qui apparait sur le Danube, tandis que les Turcs Seldjoukides encore contenus deviennent menaçants en Asie Mineure, et que les Normands et Robert Guiscard prennent l'Italie byzantine ; avec le schisme de 1054, l'Italie échappe complètement à l'emprise de Byzance.

 F) Déclin et chute.
a) Démembrement au XI e siècle : d'abord l'Empire perd ses possessions extérieures : l'Arménie, la Mésopotamie, l'Italie (Robert Guiscard prend Bari et Palerme); puis il est envahi : en Asie Mineure, en Syrie, sur la frontière du Danube.
b) Tentative de redressement, grâce aux Comnènes (début du XIIe siècle). La politique de bascule réussit d'abord en profitant de l'opposition entre les Normands et les Républiques italiennes, entre les Empereurs germaniques et le Pape ; un essai de rapprochement avec les Chrétiens d'Occident contre le danger Pétchénègue ne va pas sans malentendus, car les Byzantins voient dans les Chrétiens d'Occident des mercenaires possibles, tandis que  ces derniers considèrent Byzance comme une terre de colonisation : ceci prépare les conditions favorables au détournement de la IV e croisade.
C) La chuter d e1204 semble inévitable, car l'Empire est environné d'ennemis (les empereurs germaniques, le Roi de Sicile, Saladin en Égypte et en Syrie musulmane, le nouvel État valacho-bulgare). A l'occasion du récit de la IVe croisade, dont on trouve tous les éléments dans les manuels, il convient de montrer comment cet épisode est mieux connu que d'autres, à cause de témoignage exceptionnel, comme celui de Villehardouin, suspect de partialité, mais pittoresque et de grande valeur littéraire....


Madeleine Schnerb

p 160-162 In L’information historique, n°4 juillet-octobre 1947.







dimanche 17 février 2013

La question d’Orient au Moyen Age dans une cinquième nouvelle

Expériences pédagogiques 

Comment étudier dans une cinquième nouvelle la question d’Orient au Moyen Age

1- Intérêt de cette étude

A) Elle doit exercer l'esprit critique : en effet, si ce problème ne figure pas explicitement au programme, il peut être examiné de manière à montrer à des élèves de cinquième nouvelle que le libellé d'un programme laisse toujours des questions dans l'ombre ; qu'en particulier l'histoire qu'on enseigne en France, est souvent, même si elle se prétend "générale", plus ou moins subordonnée à "l'Histoire de France" traditionnelle ; qu'ainsi la question d’Orient est comprise selon une perspective qui en fausse les données réelles (on peut faire une comparaison avec les cartes géographiques qui diffèrent selon qu'elles sont centrées autour d'un pays ou d'un autre). Les élèves pourront exercer leur curiosité en recherchant dans les chapitres du manuel, consacrés aux Arabes et aux Croisades, ce qu'est devenu l'Empire Byzantin, Empire qui ne bénéficie d'un développement que pour le règne de Justinien (cette dernière limitation dans le temps peut donner des idées erronées, d'autant plus que, tout en laissant supposer que le règne de Justinien est sans lendemain, certains livres de classe font, plus loin, chemin faisant, allusion à un Empire byzantin encore bien vivant six et même huit siècles plus tard).

B) Cette étude peut conduire à d'utiles rapprochements : sans doute ne faut-il pas systématiser une méthode qui risque d'engendrer des anachronismes fâcheux ; cependant, certaines données géographiques permanentes placent, à toutes les époques historiques, et avec des variantes, les gouvernements en face des mêmes problèmes.
Ainsi "l'homme malade" du XIXe siècle (l'Empire Ottoman) se trouvera en face de difficultés analogues à celles qui amenèrent la chute de l'Empire byzantin au XVe siècle (1)

 Quelles sont les données permanentes ?

a) La position-clef des Détroits : carrefour de deux routes maritimes et de deux routes terrestres importantes auxquelles s'ajoutent d'autres lignes secondaires (cf. Bréhier, pp. 4 et 5).
La puissance maîtresse des Détroits est donc obligée d'avoir une force maritime ce qui l'amène à entrer en conflit avec les autres puissances maritimes ou à en rechercher l'appui (Gênes et Venise au Moyen âge; l'Angleterre au XIXe siècle).

b) Le cadre géographique : Les frontières de la puissance qui tient les Détroits sont étendues et assez difficiles à défendre :
- en bordure du Danube, il convient de résister aux poussées des peuples du Nord (Germains, Slaves) ;
- aux confins de l'Adriatique, la possession de la côte dalmate peut entraîner des conflits avec Venise et l'Italie ;
- au Nord-Est, le contact avec la masse eurasiatique oblige à une résistance permanente contre les Russes surtout, qui marchent en direction du Bosphore (exemple : le prince Igor, devant Constantinople au Xe siècle, est un précurseur);
- au Sud-Est, en Asie Mineure, l’Empire des Détroits est en rapport avec des peuples nomades d'Asie, qui sont en marche, les uns après les autres et qui, à mesure qu'ils se fixent, sont menacés à leur tour par d'autres peuples en mouvement (Arabes, Turcs, Mongols).

Dans ces conditions, la puissance qui domine les Détroits doit posséder une force terrestre considérable pour maintenir ses frontières intactes.

c) La multiplicité des fronts, facteur de faiblesse, ne peut être compensée que par une diplomatie active : c'est l'occasion de comprendre, au moins en gros, les lignes directrices de la diplomatie médiévale. Dans ce domaine, il peut être intéressant
1- d'insister sur la personnalité de certains Empereurs de valeur qui jouent à Byzance un rôle décisif (on pourra, si possible, faire des rapprochements avec des Sultans des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles. Tous ceux qui savent éviter de se battre sur plusieurs fronts, qui savent tirer parti des divisions de leurs adversaires, qui réussirent, grâce à leurs alliances, à prendre leurs voisins à revers, qui peuvent pratiquer une politique de bascule, et tomber dans la duplicité, qui monnaient adroitement les reculs nécessaires, ceux-là retardent l'échéance fatale. Dans les indications que nous donnons plus loin, on trouvera les noms des Empereurs les plus remarquables, et grâce à l'index qui figure à la fin du volume de M. Bréhier, on pourra retracer les portraits et l'action des plus caractéristiques.

2- De reprendre, du point de vue de la question d'Orient, l'étude de la politique des papes, qui préfèrent d'abord les Carolingiens aux Byzantins, puis se rapprochent de Byzance quand Charles le Chauve est trop faible pour endiguer la poussée lombarde qui se brouillent ensuite avec le Basileus, au moment du schisme de 1054, qui travaillent à prêcher une croisade commune contre les Petchénègues, puis les Turcs, chaque fois que le saint-Siège peut espérer une union des églises.

3. De suivre l'histoire instructive à tant d'égards d'une thalassocratie comme Venise.

d) Les ressources de l'Empire doivent être suffisantes pour permettre d'entretenir une flotte et une armée puissantes : c'est ici le moment d'étudier la géographie du pays. Si les richesses naturelles ne sont pas assez abondantes, il faut y suppléer par le commerce ; on en revient à la question fondamentale déjà posée : quel est le maître de la mer ? En plus, l'Empire a besoin d'un ravitaillement suffisant : de là l'importance de la question égyptienne, depuis l'époque romaine jusqu'au XIXe siècle : qui veut l'hégémonie en Méditerranée doit dominer l’Égypte, la terre à blé.

II-  Méthode

Deux équipes organisées pour le travail peuvent se partager ainsi des tâches très variées :

A) Confection de cartes de la Méditerranée jusqu'aux confins du Danube pour déterminer le cadre géographique, les routes, les frontières ou marches. Ces cartes peuvent s'inspirer des manuels en usage qui tous plus ou moins contiennent des croquis du monde méditerranéen au temps de Justinien, à l’époque des Croisades et vers 1453. Le livre de M. Bréhier fournit d'utiles compléments (voir les dépliants à la fin du volume).

 

B) Confection de tableaux synchroniques grâce aux chapitres des manuels consacrés aux Barbares et au partage de l'Empire Romain, à Justinien, aux Vénitiens, aux Croisades et même à l'Empire Germanique et à la Papauté.
Bien entendu, il ne s'agit nullement de faire apprendre aux enfants tous les faits contenus  dans ces tableaux (faits dont nous donnerons l'essentiel en cours mais on voudrait leur faire comprendre l'interdépendance des événements, car chaque mouvement de contraction de l'Empire Byzantin correspond à une poussée de ses voisins, chaque succès de l'Empire d'Occident (Couronnement de Charlemagne, d'Otton le Grand) marque un recul pour l'Empire d'Orient : au contraire celui-ci profite des faiblesses et des dissensions de ses adversaires pour occuper un cadre géographique et même pour le déborder. Si possible pratiquement, ces tableaux permettent une révision de toute l'histoire du Moyen âge, du point de vue diplomatique et militaire. Ce peut être une occasion de souligner l'interpénétration des événements contemporains, à l'échelle mondiale, le monde du Moyen âge limité à la Méditerranée, étant aussi vaste que le monde actuel qui va jusqu'à l'Extrême Orient et aux pôles, si l'on tient compte du raccourcissement des distances avec le progrès de la vitesse.

C) Exposés consistant en :

1- Portraits d'Empereurs : analyse des grandes lignes de leur politique, de leurs difficultés, de leurs succès, de leurs revers. Malheureusement, les manuels ne fournissent de renseignements que sur Justinien et Theodora ; les autres souverains d'Orient ne sont que cités : or, il faut, à tout prix, que les noms historiques correspondent à quelque chose de vivant ; énumérer des noms, ce n'est qu'érudition ; au contraire, rendre familiers des personnages, c'est prendre contact avec la vie ; à cet égard, il sera précieux, en se reportant à la table analytique du livre de M. Bréhier, d'évoquer les images si vivantes de Constantin Porphyrogénète, d'Irène, de Michel VIII Paléologue, d'Alexis Comnène.

2- Études schématiques de la diplomatie de quelques puissances : celle de la papauté, de Gênes, de Venise, des Carolingiens et des Rois de France dans leurs rapports avec l'Orient.

3- Examen de l'avance ou du recul de certains peuples : les Goths, les Huns - particulièrement puissants, les Vandales, les Avars, les Gépides, les Lombards, les Maures, les Perses sassanides, les Arabes surtout, les Slaves, les Bulgares ; puis les Magyars, les Petchénègues, les Turcs Seldjoukides, les Normands et tous les pirates méditerranéens, les Mongols, enfin les Ottomans ; ce genre d'étude s'appuiera sur des cartes ethniques. Ici, comme pour les portraits, il vaut mieux choisir et faire vivant que de constituer des énumérations complètes. Les indications que nous donnons ne sont nullement destinées à devenir matière à apprendre, mais ont simplement pour but de donner un cadre au professeur.

4- Récits tirés d'épisodes pittoresques : Héraclius et sa marche héroïque contre la Perse ; Constantinople sauvée par le feu grégeois ; la flotte du Prince Igor ; les bandes catalanes, etc.

(à suivre)




(1) : On se reportera au livre magistral de M. Louis Bréhier, Vie et mort de Byzance (Paris, Albin Michel, Bibliothèque de Synthèse historique, 1947.)
Madeleine Schnerb


pp. 160-162 In L’information historique, n°4 juillet-octobre 1947.



samedi 16 février 2013

16 février 1929


 Il y a 84 ans, le 16 février 1929, Madeleine mettait au monde son premier enfant, une petite fille.


Le bébé a 3 mois, la maman 28 ans.