Cette première année scolaire au lycée Jeanne-d'Arc,
Madeleine vit un épisode très douloureux qu'elle a raconté de multiples fois.
« Est-ce par hasard si ma collègue mademoiselle W. se mit en
congé pour deux semaines en mars? Est-ce par hasard si la Directrice me demanda
d'assurer la suppléance en seconde, pour le cours d'histoire ancienne, juste au
moment de l'étude des origines du christianisme ? Les autres cours étaient
confiées à des répétitrices, même ceux de philo et de première! que j'étais
naïve!
Je me réjouis de reprendre contact avec le programme de
seconde, privée que j'étais - de par la mauvaise volonté de la Directrice - de
cours d'histoire! Mon service normal contre tous les principes pédagogiques
était presque uniquement géographique."
Madeleine est persuadée qu'on lui a tendu un piège en la
poussant à faire une leçon sur le thème des origines du christianisme, très sensible
dans le contexte du moment. S'étant facilement confiée sur l’enthousiasme
éprouvé lorsqu'elle allait écouter Paul-Louis Couchoud dans le cadre des
réunions de l'Union pour la Vérité, pendant ses années sévriennes, on ne devait
pas ignorer qu'elle partageait son point de vue sur la « vraisemblance du mythe
de Jésus ».
Paul-Louis Couchoud, Le mystère de Jésus, F. Rieder et Cie Éditeurs, 1926 |
Dans son cours, elle dut montrer, certainement avec passion (je ne peux douter de l’enthousiasme qu'elle dut exprimer, même si je n'ai connu Madeleine qu'en tant que grand-mère), que « si la vie de Jésus était du domaine de la foi, seule la propagation du christianisme était du domaine de l'histoire.» Elle a dû ajouter que sur Jésus, il y avait « matière à discussions entre les partisans de Dieu incarné, de l'homme-prophète et des partisans du mythe. » (les citations sont extraites de Mémoires pour deux)
lettre de Madeleine à l'inspecteur |
« Si j'avais eu quelque irrévérence envers le Coran ou Mahomed (sic), personne ni à droite ni à gauche n'aurait bronché.» Mémoires pour deux (1973)
Autres temps, autres mœurs!
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