La lecture des rapports d'inspection laisse imaginer combien
l'enseignement de Madeleine était vivant; est-ce sa personnalité ou
est-ce le caractère particulier de l'enseignement dispensée aux
jeunes-filles dans lequel elle a baigné lors de ses années passées à
Sèvres ?
- En 1927 « le problème central de l’enseignement français était d’inventer une nouvelle culture scolaire, générale et humaniste, mais moderne et vivante, adaptée à une population très large, l’enseignement secondaire des jeunes filles a constitué une tentative pionnière et intelligente de le définir » (http://histoire-education.revues.org/index1424.html ; Antoine Prost, Inférieur ou novateur ? L’enseignement secondaire des jeunes filles (1880-1887), Histoire de l'éducation, 115-116 | 2007 : L’éducation des filles XVIIIe-XXIe siècles. (p149-169)
Les inspecteurs craignent
manifestement l'influence (sous entendu mauvaise) d'une certaine
attitude, de certains propos du professeur(e) (le féminin a son
importance) sur les jeunes filles :
- En 1927 « le problème central de l’enseignement français était d’inventer une nouvelle culture scolaire, générale et humaniste, mais moderne et vivante, adaptée à une population très large, l’enseignement secondaire des jeunes filles a constitué une tentative pionnière et intelligente de le définir » (http://histoire-education.revues.org/index1424.html ; Antoine Prost, Inférieur ou novateur ? L’enseignement secondaire des jeunes filles (1880-1887), Histoire de l'éducation, 115-116 | 2007 : L’éducation des filles XVIIIe-XXIe siècles. (p149-169)
- Le 23 mai 1928, après les éloges d'usage, sur la « précision et l'étendue de ses connaissances, et les bons résultats qu’elle
obtient », il est remarqué « une certaine tendance à l’ironie contraire au bon esprit
historique et qui pourrait avoir sur les élèves une action désastreuse. »
- En 1929 (Madeleine est enceinte de 8 mois!), « la classe est vivante mais trop remuante » et l'inspecteur juge « exagérément familière » la manière
de faire cours du professeur.
- En 1930, il juge « la leçon intéressante bien construite » . Mais « la manière est un peu
trop familière, par instant proche de la vulgarité. »
- En 1933, « intelligente, le professeur parle avec aisance, a de l’autorité sur ses élèves et les fait travailler. Elle doit veiller sur son langage parfois un peu relâché ».
Entre de la vivacité ou de la mollesse, de l'autorité ou de l'absence d'autorité, qu'est-ce que les Inspecteurs veulent dire ?
Il me semble que la façon de faire de Madeleine n'est pas strictement académique : les élèves s'expriment, le professeur n'hésite pas à rire ou à les faire rire, à adapter sa langue; et surtout il (elle) a de l'influence sur les jeunes filles.
Le chef d'établissement qui la trouve trop familière avec les élèves ou sans finesse ou tact, exprime ses craintes devant l'admiration que des élèves lui vouaient. D'après aussi ce qu’elle a pu rapporter dans Mémoires pour deux, ce « manque de tact » qu'on lui reproche vient de « l'affaire de l'évêché » en 1927 mais aussi du refus « d'une conscience professionnelle de façade » comme de s'être permise de ne pas assister à une réunion mensuelle, vide de sens à ses yeux (p37) où l'on décernait les récompenses (tableau d'honneur) aux élèves.
Elle dit avoir justifié son absence non en prétextant « une quelconque maladie ou un empêchement de force majeure » mais en disant sa vérité, sur « l'inefficacité de ses réunions » :
Les professeurs d'histoire faisant peu d'heures par classe étaient tenues d’assister à toutes les réunions ; or les discussions se bornaient à savoir si les filles qui n'avaient que 5,8 ou 5,9 pouvaient avoir le tableau d'honneur (au lieu du 6 obligatoire pour cette récompense) alors que l'avis du professeur d'histoire comptait fort peu puisque, d'après Madeleine, les directrices « littéraires » n’avaient que mépris pour les historiennes, qui seraient douées de l'intelligence au rabais qu'est la mémoire. (p 41).
Un des enjeux de la réflexion de mes grands-parents sur l'enseignement de l’histoire en parallèle d'ailleurs avec les critiques à l'encontre des ouvrages académiques, était de renoncer à fabriquer des historiens qui auraient comme seul don celui du perroquet.
- En 1933, « intelligente, le professeur parle avec aisance, a de l’autorité sur ses élèves et les fait travailler. Elle doit veiller sur son langage parfois un peu relâché ».
Photo de qualité médiocre, mais prise par une élève au lycée Jeanne-d'Arc en 1927 ou 1928 |
Entre de la vivacité ou de la mollesse, de l'autorité ou de l'absence d'autorité, qu'est-ce que les Inspecteurs veulent dire ?
Il me semble que la façon de faire de Madeleine n'est pas strictement académique : les élèves s'expriment, le professeur n'hésite pas à rire ou à les faire rire, à adapter sa langue; et surtout il (elle) a de l'influence sur les jeunes filles.
Le chef d'établissement qui la trouve trop familière avec les élèves ou sans finesse ou tact, exprime ses craintes devant l'admiration que des élèves lui vouaient. D'après aussi ce qu’elle a pu rapporter dans Mémoires pour deux, ce « manque de tact » qu'on lui reproche vient de « l'affaire de l'évêché » en 1927 mais aussi du refus « d'une conscience professionnelle de façade » comme de s'être permise de ne pas assister à une réunion mensuelle, vide de sens à ses yeux (p37) où l'on décernait les récompenses (tableau d'honneur) aux élèves.
Elle dit avoir justifié son absence non en prétextant « une quelconque maladie ou un empêchement de force majeure » mais en disant sa vérité, sur « l'inefficacité de ses réunions » :
Les professeurs d'histoire faisant peu d'heures par classe étaient tenues d’assister à toutes les réunions ; or les discussions se bornaient à savoir si les filles qui n'avaient que 5,8 ou 5,9 pouvaient avoir le tableau d'honneur (au lieu du 6 obligatoire pour cette récompense) alors que l'avis du professeur d'histoire comptait fort peu puisque, d'après Madeleine, les directrices « littéraires » n’avaient que mépris pour les historiennes, qui seraient douées de l'intelligence au rabais qu'est la mémoire. (p 41).
Madeleine en 1927 ou 1928 |
Un des enjeux de la réflexion de mes grands-parents sur l'enseignement de l’histoire en parallèle d'ailleurs avec les critiques à l'encontre des ouvrages académiques, était de renoncer à fabriquer des historiens qui auraient comme seul don celui du perroquet.
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