jeudi 29 mars 2012

Au lycée Marie-Curie

Les époux Schnerb sont nommés dans la région parisienne à la rentrée 1937, Robert au lycée Lakanal et Madeleine au Lycée Marie-Curie de Sceaux.
Immédiatement, le changement est bénéfique.
Madeleine s'entend bien avec sa directrice, Suzanne Forfer, et l’établissement inauguré l'année précédente est flambant neuf, ce qui lui permet probablement de développer sans contrainte sa pédagogie. [voir]

J'imagine combien fut stimulant d'enseigner dans un établissement inauguré quelques mois avant par le ministre de l'éducation nationale du Front populaire Jean Zay, et portant le nom de Marie Curie.
Madeleine se souvient forcément de sa propre scolarité, et doit mesurer avec joie les progrès conduisant à offrir aux filles une éducation d'aussi bonne qualité. Jusque-là, il n'y avait pas de lycée de jeunes filles dans l'ensemble de la banlieue sud en dehors d'institutions privées.
Les nouvelles orientations du Front Populaire en matière éducative peuvent s'appliquer ici : 

 « Éveiller les aptitudes et la curiosité des élèves, ouvrir plus largement à la vie le travail scolaire, familiariser l’enfant avec les spectacles de la nature et de la société, lui faire connaître l’histoire et la géographie locales, développer la curiosité, visiter les usines, les jardins, les monuments, les lieux historiques, étudier les curiosités naturelles, herboriser, promouvoir l'enseignement ménager pour les filles, les travaux manuels pour les garçons ». (Jean Zay, Souvenirs et solitude, Paris Julliard, p145. 146)



 Les rapports du chef établissement et des inspecteurs témoignent de la bonne adaptation de Madeleine dans ce nouveau cadre :
« Bon professeur enseignement bien documenté vivant et précis. A assumé la surveillance des collections, leur enrichissement, et elle s’acquitte de cette tâche avec beaucoup de méthode. »
Le rapport d'avril 1939 de Jules Isaac est intéressant à plus d'un titre : Madeleine fait une leçon sur l’art contemporain avec des images et Isaac juge cet « enseignement vivant, animé, personnel, bien fait pour entraîner et intéresser les élèves »; il lui a permis « d’apprécier la liberté et la sincérité avec lesquelles s’expriment les élèves de Mme Schnerb ». Il observe que le « travail reste très collectif » et s'il souhaite « que les élèves perdent l’habitude des réponses en chœur » il conclut :
« Dirai-je d’un tel enseignement qu’il est d’un maître impressionniste? Il est vivant à coup sûr et entraînant. Ce sont là des qualités précieuses. »


Alors que Madeleine enseigne dans ce beau lycée, elle rédige "Quelques souvenirs de collège ! 1915-1917"
 pour le Bulletin des Anciennes Élèves du Collège de Chalon-sur-Saône.
« Les salles n’avaient jamais été destinées à abriter une classe. Qu’il serait amusant d’y amener une fois, en "loisirs dirigés" (référence à Jean Zay), mes élèves actuelles, somptueusement installées dans un Lycée moderne » … évocation par laquelle j'ai commencé ce blog.
 

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