Edmond Chassigneux (1875-1967), agrégé d'histoire et géographie en 1904, a bénéficié d'une bourse de voyages autour du monde; il étudie ensuite en Indochine le delta du Tonkin, l'objet de sa thèse.
Professeur à l’École coloniale et à l’École normale supérieure de Sèvres; il sera nommé professeur d’histoire de la colonisation au Collège de France, en 1939.
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Madeleine est la deuxième à partir de la gauche de la photo au deuxième plan
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André Masson, E. Chassigneux : L'Indochine , Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient, 1932, vol. 32, n° 1, pp. 505-508.
« Ces quelques critiques de détail, limitées à la période de la
conquête, n'enlèvent que peu de chose au mérite de l'ouvrage et il faut
savoir gré à l'auteur d'avoir débroussaillé le maquis touffu de la
période contemporaine, dans ses derniers chapitres qui sont à la fois
les plus développés et les plus originaux de son étude. Nous n'osons le
suivre sur ce terrain, où d'ailleurs le manque de recul (l'exposé
s'étend jusqu'à 1931 inclus) et l'actualité brûlante de certains
problèmes rendraient la discussion difficile. Nous nous bornerons, pour
finir, à quelques remarques sur les gravures qui ornent l'ouvrage.
Empruntée
en majeure partie aux documents exposés à la Section historique indochinoise de l’Exposition coloniale, l'illustration est abondante et
bien choisie. Mais il est fâcheux que les reproductions soient
exécutées, à part quelques beaux hors-texte en couleurs, d'après un
procédé dont l'exactitude est sujette à caution, la gravure sur bois.
Cette formule qui n'est pas sans intérêt pour le bibliophile et qui
permet notamment une alliance heureuse de l'image et du texte, n'offre
pas toutes les garanties scientifiques requises pour une illustration
qui se pique d'être documentaire. Le graveur moderne n'a pas toujours
résisté à la tentation ď « arranger» le modèle, ce qui serait excusable
s'il traduisait des compositions fantaisistes, mais ce qui l'est moins
quand il reproduit un document authentique dont il donne la référence.
Voici,
page 382, « Le port de Tourane (d'après un dessin de Fisquet, Voyage de La Bonite)». Il s'agit d'un des jolis dessins exécutés par les
officiers de la corvette La Bonite pendant son voyage autour du monde en
1837, qui furent lithographiés pour l'album du voyage publié en 1845.
La gravure de l'Histoire des Colonies reproduit assez exactement une des
planches de cet album, sauf un détail qui a son importance. Sur la
lithographie ancienne, on remarque, à droite, mouillée près du rivage,
la corvette La Bonite. Le graveur moderne a sans doute jugé que le
navire français de notre vieille marine (dont la présence sur les côtes
d'Annam en 1837 méritait cependant d'être notée) ne faisait pas assez
«couleur locale ». Il l'a remplacé par une barque annamite. Et, ce
faisant, il a, conséquence fortuite, rétabli en partie l'exactitude de
sa légende « d'après un dessin de Fisquet », car si l'ensemble de la composition est, non de Fisquet, mais de Lauvergne, du moins la barque
annamite substituée à la corvette est-elle bien de Fisquet.»
url : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_1932_num_32_1_4566
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Fisquet, Voyage de La Bonite, 1845 |
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