samedi 28 avril 2012

Et les maîtres à l'époque de la loi Guizot ...

Dans l'article de Madeleine Schnerb, « Enseignement primaire dans le Puy-de-Dôme avant et après la loi Guizot » Revue d'Auvergne, 1936, se dessine aussi le portrait du maître à l'époque de la loi Guizot :

« La misère du maître se devine...; un homme habitué à un niveau de vie honorable ne pouvait penser devenir instituteur communal. Le ministère avait fixé à 300 fr. le traitement minimum et s'empressait de supprimer les subventions qu'il avait accordées provisoirement dès que le minimum était atteint.

[...]
la loi du 28 juin 1833 prévoyait l'obligation pour les communes d'admettre gratuitement les enfants indigents; il y en avait 831 en 1835-1836 dans les seules écoles publiques, 4882 en 1839-1840 dans toutes les écoles du département, 11713 en 1843 soit plus du tiers du total. Mais ces enfants de pauvres ne recevaient pas le même enseignement que les autres; les maîtres l'auraient-ils voulu, ils se seraient heurtés à un obstacle : la municipalité s'en tenant à la lettre de la loi ne fournissait aux malheureux ni livres, ni papier et les condamnait ainsi à n'apprendre ni à lire ni à écrire.
D'ailleurs le maître était trop misérable pour être désintéressé.[...]
Comment remédier à cette misère? Certains maîtres s’adonnent à une industrie, mais cette solution tend à les mettre dans la dépendance de plusieurs personnes et aggrave le mépris dans lequel on les tient. Or on ne peut exiger davantage de la commune ou des parents. Il faut donc augmenter le nombre des élèves payants. L'inspecteur tient le raisonnement suivant  : si un tiers des élèves en âge de suivre l'école fournissent en quatre mois 250 fr., tous les élèves, pendant douze mois, apporteraient 2250 fr.. Le problème consiste à amener tous les enfants à l'école pendant toute l’année.[...]

Gravure -1872- classe en Franche-Comté (http://saint-sevin.pagesperso-orange.fr/moissonb.htm)

Le métier n'est pas assez lucratif et ne tente que d'anciens militaires, quelques fils d’instituteurs et des jeunes gens pauvres qui ne pouvant se racheter, espérant ainsi échapper au service militaire.
 [...]
Tous doivent posséder le brevet dit élémentaire.[...]
La commission d'examen tâche de concilier le niveau de l'examen avec les nécessités du service : elle exige que le candidat possède son programme et sache enseigner.[...]
De 1841 à 1843, sur 114 aspirants, 54 sont reçus dont 8 pour le Brevet supérieur; sur ces 54 élus, 3 seulement ont passé avec distinction, 18 de manière satisfaisante et 31 médiocrement. Mais un danger apparaît : ces jeunes personnes venues 6 mois ou un an en ville pour y préparer leur examen ont capté l'indulgence du jury en affirmant, n'avoir l'intention que d’enseigner à la campagne et une fois agréées par la commission, elles émettent la prétention des rester en ville où elles ont pris des habitudes nouvelles.[...]»

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