samedi 31 mars 2012

L'Information Historique n°1 - 1938

Robert Schnerb a le projet de créer une revue d'un nouveau genre ; Madeleine est partie prenante dans cette aventure.
Il s'agit pour eux, de répondre à un  « triple but : faire du nouveau, informer, jeter un pont entre toutes les disciplines, tous les niveaux.» Ils espèrent aussi donner une place à « l'audio-visuel ».
Robert Schnerb qui en a l'initiative convainc Albert Troux, président du Conseil Supérieur de l’Enseignement Public et directeur d'une collection de fonds de cartes historiques et géographiques de prendre la tête de la revue; il faut pour davantage de crédibilité un nom plus prestigieux encore et ce sera l'inspecteur général Jules Isaac : « il devait être un Directeur merveilleux ».(Mémoires pour deux p58)

Mais c'est, ironie de l'histoire, à l'heure de Munich, que paraît le premier numéro.





n°1 de L’Information Historique, octobre-novembre 1938.

« La nouveauté c'était la place, exceptionnelle à l'époque, donnée à l'image. Images que nous voulions originales et parfaitement en harmonie avec le texte. D'autre part des séries de suppléments illustrés étaient destinées à constituer des dossiers en vue de cours illustrés! Nous pensions déjà à l'importance du visuel associé à la parole.
Robert et moi nous passionnâmes pour la chasse au document illustré et pour la mise en page, centimètres en mains.»
 


jeudi 29 mars 2012

Au lycée Marie-Curie

Les époux Schnerb sont nommés dans la région parisienne à la rentrée 1937, Robert au lycée Lakanal et Madeleine au Lycée Marie-Curie de Sceaux.
Immédiatement, le changement est bénéfique.
Madeleine s'entend bien avec sa directrice, Suzanne Forfer, et l’établissement inauguré l'année précédente est flambant neuf, ce qui lui permet probablement de développer sans contrainte sa pédagogie. [voir]

J'imagine combien fut stimulant d'enseigner dans un établissement inauguré quelques mois avant par le ministre de l'éducation nationale du Front populaire Jean Zay, et portant le nom de Marie Curie.
Madeleine se souvient forcément de sa propre scolarité, et doit mesurer avec joie les progrès conduisant à offrir aux filles une éducation d'aussi bonne qualité. Jusque-là, il n'y avait pas de lycée de jeunes filles dans l'ensemble de la banlieue sud en dehors d'institutions privées.
Les nouvelles orientations du Front Populaire en matière éducative peuvent s'appliquer ici : 

 « Éveiller les aptitudes et la curiosité des élèves, ouvrir plus largement à la vie le travail scolaire, familiariser l’enfant avec les spectacles de la nature et de la société, lui faire connaître l’histoire et la géographie locales, développer la curiosité, visiter les usines, les jardins, les monuments, les lieux historiques, étudier les curiosités naturelles, herboriser, promouvoir l'enseignement ménager pour les filles, les travaux manuels pour les garçons ». (Jean Zay, Souvenirs et solitude, Paris Julliard, p145. 146)



 Les rapports du chef établissement et des inspecteurs témoignent de la bonne adaptation de Madeleine dans ce nouveau cadre :
« Bon professeur enseignement bien documenté vivant et précis. A assumé la surveillance des collections, leur enrichissement, et elle s’acquitte de cette tâche avec beaucoup de méthode. »
Le rapport d'avril 1939 de Jules Isaac est intéressant à plus d'un titre : Madeleine fait une leçon sur l’art contemporain avec des images et Isaac juge cet « enseignement vivant, animé, personnel, bien fait pour entraîner et intéresser les élèves »; il lui a permis « d’apprécier la liberté et la sincérité avec lesquelles s’expriment les élèves de Mme Schnerb ». Il observe que le « travail reste très collectif » et s'il souhaite « que les élèves perdent l’habitude des réponses en chœur » il conclut :
« Dirai-je d’un tel enseignement qu’il est d’un maître impressionniste? Il est vivant à coup sûr et entraînant. Ce sont là des qualités précieuses. »


Alors que Madeleine enseigne dans ce beau lycée, elle rédige "Quelques souvenirs de collège ! 1915-1917"
 pour le Bulletin des Anciennes Élèves du Collège de Chalon-sur-Saône.
« Les salles n’avaient jamais été destinées à abriter une classe. Qu’il serait amusant d’y amener une fois, en "loisirs dirigés" (référence à Jean Zay), mes élèves actuelles, somptueusement installées dans un Lycée moderne » … évocation par laquelle j'ai commencé ce blog.
 

mercredi 28 mars 2012

Inspections...

« [...] Il me revient une anecdote [...]
L'Inspecteur Général Gidel, connu pour ses opinions d'extrême droite, coléreux mais juste venait d'inspecter Robert Schnerb quand il surgit brutalement "chez moi"! Je venais de parler de Philippe-le-Bel au cours précédent et il me fallait dicter quelques lignes sur sa politique extérieure [...]
Pour animer un peu ce résumé, je fis appel à mon public.
Marianna M. suggéra que Philippe-le-Bel n'avait pas remporté de grandes victoires.
J’allais concrétiser cette assertion, quand je vis Gidel feuilleter un Malet Isaac qui trainait sur un pupitre, puis s'agiter sur sa chaise... puis vociférer "mais il a remporté une victoire qui à elle seule, suffirait à sa gloire, une victoire, etc, etc..."
Moi, assez perplexe, pensant à une récente découverte des Médiévistes suggérai : Il y  a eu Mons-en-Puel". Alors Gidel éclata "Mesdemoiselles! Bouvines" !

La directrice était justement sortie faire la police sur la galerie car la cloche avait sonné.
Je glissais "C'est Philippe Auguste, Monsieur l'Inspecteur général".
Gidel dit alors "Continuez, continuez..."
J'eus un colloque des plus agréables au confessionnal. Il y fut question de ma brillante élève Marianna M. et de sa voix rauque.[...] »
(Mémoires pour deux, p 144)

Mais  quelle surprise de voir le contenu du rapport ! Madeleine, si elle en avait eu connaissance, aurait été bien étonnée! Si l'Inspecteur n'avait pas été certain de ne pas être lu par son inspectée, il n'aurait sans doute pas écrit la même chose !

« Leçon intéressante bien construite mais la présentation manque de fermeté, de chaleur. La langue est banale, assez commune. Ce n’est pas la manière d’un professeur actif. Tout au contraire, tout ce qu’elle dit est comme empreint d’une nonchalance générale. Cette mollesse est sensible surtout dans la discipline de la classe où il règne une sorte de laisser-aller; les élèves se tiennent mal sans que le professeur fasse la moindre observation. L’ensemble est médiocrement satisfaisant.»

Excursion au lac d'Aydat en juin 1934 : Madeleine avec sa classe

L'inspecteur a jugé par ailleurs que la leçon de Robert « prend parfois trop les allures de la conférence publique de propagande. »
Madeleine lorsqu'elle évoque cette anecdote, rappelle qu'alors les notes inspectorales étaient absolument secrètes.

dimanche 25 mars 2012

Agrégation des unes et des autres

Madeleine est reçue à l’agrégation féminine en 1925.
Le programme était le suivant :
 et les sujets :

En 1923, Robert avait planché sur :


Les deux agrégations étaient bien différentes, les femmes avaient de l'Histoire de l'Art mais pas de latin. Pourtant, elles étaient en train de s'aligner, ou plutôt l'agrégation féminine tendait à ressembler à l'agrégation masculine.
La formation des jeunes-filles étaient  polyvalentes et les certificats d’aptitude à l'enseignement (strictement féminins) reflétaient cet éclectisme.
Il existait deux agrégations féminines dans le domaine littéraire 1- Histoire, géographie, histoire de l'Art, 2- lettres. Des femmes cependant de plus en plus nombreuses passaient et réussissaient les agrégations masculines de langues, voire de philosophie et de grammaire : il fallait bien former des professeur(e)s pour les lycées de jeunes filles de plus en plus nombreux.

Des débats nombreux portaient sur la pertinence d'unifier les deux agrégations d'histoire, afin que cesse l'idée de l’infériorité de l'agrégation féminine et partant la justification de la nette infériorité des traitements des femmes agrégées ; non d'en faire qu'une seule mais d'uniformiser les types d'épreuves.

A la date où Madeleine écrit cet article, l'infériorité des salaires féminins n'est plus si marqué, notamment, depuis la « grève du baccalauréat » de 1927.



Cependant il demeure une inégalité de services : les hommes doivent 11 heures quand les femmes ont un service hebdomadaire de 16 heures : « Elles n’ont pas bénéficié des réductions accordées aux hommes en 1911 ». « De plus, le service des agrégées n’est pas spécialisé sur une chaire ou une discipline, comme celui des agrégés, ce qui accroît la lourdeur des préparations d’une année sur l’autre ». (voir Antoine Prost, http://histoire-education.revues.org/index1424.html)


Dans cette bataille pour l'égalité, c'est le modèle masculin, de formation et d'exigences qui l'emporte comme si intrinsèquement, il était le meilleur ; le masculin ne l'emporte-t-il pas sur le féminin, nous avons toutes et tous appris cela à l'école ?

Madeleine souligne dans Mémoires pour deux (p.37) les différences entre son mari et elle : « Robert était plus historien que moi. J'étais plus curieuse de tout : peut-être parce que j'étais passée par Versailles et Sèvres ... Mais si nous étions différents, j'étais prête à admettre sa supériorité... tout en lui ouvrant parfois la fenêtre sur d'autres horizons.»

samedi 24 mars 2012

Petit retour sur image

« Dans le bulletin de novembre 1923, notre collègue Foiret avait signalé l’existence d'un appareil de projection pour cartes postales.
Depuis janvier 1924, j'ai été à même d'en apprécier tous les avantages, ce cartophote m'ayant été offert par l'Association des Anciens élèves du Collège.
Son prix modeste en rend l'achat possible même dans les collèges où les crédits affectés au matériel ne sont pas très élevés.
Sa simplicité et son rendement étonnent tous ceux qui le voient fonctionner : l'image obtenue en éclairant obliquement la carte postale par deux lampes de 500 bougies placées entre l'objectif et l'objet. Un ventilateur monté à l'intérieur évite l'échauffement exagéré des cartes et de l’appareil.
Les images obtenues sont très nettes et le changement de carte très rapide.
Il est facile de se constituer une collection suffisante de cartes postales : les élèves sont heureux de contribuer à l’établissement de cette collection ; en 6 mois, je suis arrivé à en avoir environ 2000, classées par régions en géographie, par périodes (préhistoire, Grèce, Rome etc...) en histoire. Il y a en vente, au Louvre, une série de reproductions en couleur, format carte postale, des principaux tableaux du Musée qui permet vraiment de faire connaître aux élèves les œuvres des grands peintres.
En architecture et en sculpture, on obtient de très bons résultats en faisant la leçon et en interrogeant à l'écran ; et l'on est toujours assurer d'intéresser les élèves en projetant, à la fin d'une leçon de géographie, des vues de région qu'ils ont à étudier.
M. Griveau, industriel, rue Meslay, à Paris, en prenant l'heureuse initiative de mettre au point un appareil simple et bon marché, a permis de généraliser l'enseignement par la vue qui se heurtait jusqu'alors à de grosses difficultés matérielles. »
J. Martin (Avranches)



Dans le Bulletin de juin 1926 - première publicité sous forme d'image et première apparition d'un projecteur
 « La projection des lampes de cartoscopes contre les courants à voltage instable.
A Nancy, où le courant oscille entre 200 et 240 volts, le problème a été résolu par l'usage d'un disjoncteur. le principe de l’appareil est très simple : il se compose d'un électro-aimant dont l'attraction augmente avec l'intensité du courant; le disjoncteur étant réglé pour un voltage déterminé, lorsque celui-ci est dépassé, une pièce de fer doux se rapproche de l'aimant; l'appareil se déclenche; le courant, dont le passage normal est interrompu, est alors dérivé à travers une résistance, absorbant environ 15 volts et protégeant les lampes. Au cours d'un mois,  notre disjoncteur s'est déclenché cinq fois; dans chacun des cas, l'opérateur ne s'en est aperçu qu'après la projection. ...»
(novembre 1926)
***
Grâce aux vrais cartoscopes Mazo, pour l'enseignement de la géographie, employez les vues magnifiques édités par l'éditeur Mazo, qui valent et remplacent des vues sur verre, à la portée des budgets des établissements scolaires...

Avril 1927
 Et enseignez par les cartes postales...

Janvier 1927
( L'ensemble des documents sont extraits du Bulletin de la Société des professeurs d'histoire et de géographie, disponible sur Gallica.)

jeudi 22 mars 2012

Madeleine Amoudruz (Rebérioux) lauréate du concours général (1937)

Madeleine retrouve la jeune Amoudruz en classe de première.
Elle profite de l'excellent niveau de la classe pour montrer aux jeunes filles comment on écrit l’histoire.
Ce fut une révélation !
Madeleine Schnerb décide alors de la présenter au concours général. Elle eut la chance qu'il se déroulât cette année-là en histoire.
Le sujet l'a inspirée ; il portait sur la la Presse de 1789 à 1848. Grâce à son professeur, elle avait étudié Mathiez et la question de la presse à bon marché avait été longuement traité en classe.

Mais, horreur, « elle avait écrit au moins vingt fois journeaux avec un e. »!

Son frère François Amoudruz l'évoque dans « Madé », Cahiers Jaurès, 2006/1 N° 179, p. 17-19.

Au lycée Jeanne-d'Arc (où elle arrive en 1934) elle « travaille avec une facilité étonnante, obtient régulièrement les félicitations du Conseil de discipline, rafle tous les prix (au pire le second), engrange des connaissances et sait les mûrir et les exploiter.
Son cerveau est remarquablement organisé, sa mémoire m’émerveille, mais aussi sa puissance de travail. En première, elle a hésité entre une orientation littéraire ou scientifique. Le choix s’opère pour une large part grâce à Madame Schnerb, qui lui inculquera le goût de l’histoire et pèsera sur son avenir.
Madame Schnerb était née Madeleine Lipschutz (sic), c’était l’épouse de Robert Schnerb, historien de la Révolution française. L’antisémitisme odieux de Vichy les a privés d’enseignement dès l’automne 1940 et contraints à se replier à Coudes, près d’Issoire, pour être moins en vue. On ne peut pas parler de Madé sans évoquer sa passion pour ce professeur magistral qu’elle conservera sa vie durant en maintenant
des contacts étroits et teintés d’affection : elle a longtemps conservé sa photo sur son bureau.

En cette années 1937, Madé qui termine la première, décrochera au bac la mention Très Bien et le Premier prix d’Histoire du Concours Général. La remise officielle de cette récompense me valut d’aller à Paris et de voir le Président de la République Albert Lebrun, lui donner l’accolade et lui remettre au nom de la République la collection reliée de l’Histoire de France d’Ernest Lavisse.
J’étais très fier de ma grande sœur. Nos parents, bien-sûr, étaient aux anges. Nous avons su par la suite que Madé avait traité le sujet (qui portait sur « la presse ») en écrivant des dizaines de fois le mot journaux
avec un e. »

***


Le professeur raconte dans Mémoires pour deux : « Madeleine partit pour Paris où le président Lebrun l'embrassa. Elle fut photographiée dans la presse. Les succès féminins étaient rares encore.
Ma directrice n'en revenait pas! Ainsi je faisais donc travailler les élèves et ne me bornais pas à les amuser avec des projections ! Surtout ce succès convainquit Madame Amoudruz du sérieux de la vocation de sa fille aînée qu'elle vouait en son cœur à la philosophie...»

  ***

Ma mère a toujours dit que Madé était la fille spirituelle de Madeleine Schnerb.

mercredi 21 mars 2012

mardi 20 mars 2012

A la recherche des cartes-vues

« Pendant deux ans, nous nous (Robert et Madeleine Schnerb) occupâmes - en pionniers - de constituer une collection de cartes-vues documentaires du Massif Central. Beaucoup de collègues s'employèrent à nous aider à constituer une collection originale. » (Mémoires pour deux p.39)

Nous lisons dans le Bulletin de la Société des professeurs d'histoire et de géographie de l’enseignement public de 1929 :

«  La Géographie et l'Art du Centre de la France en Cartes postales :

La Régionale de Clermont s'est proposé de constituer une documentation illustrée sur les régions, qui ressortissent à cette Académie. Elle présente ainsi trois séries qui sont dues à la collaboration de MM. BEISSAC (Issoire), DUTHEII, (Guéret), LOCUSSOL (Le Puy), MEYNIER (Aurillac) PERRIER (Tulle), RIGODON (Moulins), SCHNERB et Mme SCHNERB (Clermont).
1e SÉRIE : géographie. — Elle ne fait pas double emploi avec les pochettes de MM. AUMEGEAS et  TROUX (messageries Hachette). Ces cartes postales, choisies parmi les plus nettes, en vue des projections, peuvent fixer dans l'esprit des élèves les aspects les plus caractéristiques des parties centrale et occidentale du Massif Central. Voici une manière économique d'illustrer plusieurs leçons des cours de 1e et de 4e (Secondaire), de 3° année (E. P. S.). On y trouvera également les éléments fondamentaux des leçons de géographie générale qui portent sur le volcanisme (Auvergne et  Velay), les cycles d'érosion dans une pénéplaine (Creuse, Corrèze), la houille blanche, etc. (classes de 1e et de 2e du Secondaire, 1e année des E. P. S.), 74- cartes au minimum. 
Prix fixe : 10 fr. (Pénéplaine de l'ouest du Massif Central, Creuse, Corrèze, Vézère, etc.; volcans des Dômes, Dores, Cantal, Velay ;  orgues ; lacs ; vie rurale du Bourbonnais, de Limagne, burons, etc. ; exploitations' minières ; Montluçon ; coutellerie de Thiers ; caoutchouc de Clermont.; villes d'eau ; houille blanche; travaux d'art).
2eSÉRIE : art religieux. — Il n'existe, à notre connaissance, aucune série analogue dans le commerce..Elle comprend essentiellement les principales églises romanes d'Auvergne et du
Velay ; en outre, les plus rares églises gothiques de ces pays.
Cette collection est destinée aux professeurs chargés des travaux pratiques de 4° (Secondaire), 31 cartes au minimum.
Prix : 5 fr. (Cathédrale du Puy et églises du Velay ; abbaye de la Chaise-Dieu ; églises romanes de Clermont, Issoire, St-Nectaire, Orcival, etc. Cathédrales de Clermont et Moulins...).
3e SÉRIE: architecture civile et sculpture. — Elle contient surtout des vues de nombreux châteaux-forts et de maisons curieuses de la fin du Moyen Age et de la Renaissance ; elle peut servir pour les travaux pratiques de 4e (châteaux) et pour l'histoire de l'art de 3°.
19 cartes au minimum. Prix : 3 fr, (Châteaux de Murols, Tournoël, Polignac, Bourbon-l'Archambault, etc. Maisons de Riom, Montferrand, Clermont, Thiers, Tulle, tombeaux de Souvigny et de Montmorency).

Château de Murols

Comme il ne saurait être question pour la Régionale de prendre à sa charge un stock déterminé de cartes postales, le nombre exact des vues figurant dans chaque série doit dépendre évidemment du nombre des souscripteurs.
Les souscriptions seront reçues jusqu'au 1er février 1930. Nous recommandons le versement au C. C. de chèque postal du trésorier de la Régionale ; les mandats-cartes porteront l'indication exacte des séries choisies. Dès lors, la composition définitive de ces séries pourra être fixée, compte tenu de l'avoir disponible, étant entendu que le nombre minimum de vues indiqué plus haut sera respecté. Les envois auront lien en avril 1930 au plus tard. Les souscripteurs seront tenus au courant des opérations par la voie du Bulletin.
II est évident que les commandes peuvent être aussi bien faites par les établissements scolaires eux-mêmes, pour les bibliothèques des classes.
En prenant l'initiative de cette entreprise, la Régionale de Clermont exprime son espoir que, les autres Régionales l'imitant, une collaboration plus féconde en résultera entre les membres de la Société, pour le mieux de la tâche qui incombe à. chacun d'eux.
Le Secrétaire-trésorier, Robert Schnerb (C. C. 54.27, Clermont-Ferrand.). »

lundi 19 mars 2012

Madeleine Amoudruz (Rebérioux) 1935

Madeleine Amoudruz, dans l'ombre, juste derrière son professeur, Madeleine Schnerb

Dans cette classe de 3e, la « grande gamine, un peu embarrassée de ses membres », « assez dégingandée, différente des autres, aux yeux ardents », que je situe juste derrière Madeleine Schnerb, légèrement dans l'ombre, c'est Madeleine Amoudruz, future Madeleine Rebérioux. (p47)


« Je sais par Madé (Madeleine Rebérioux) qu'elle fut un peu bousculée dans sa conception du professeur quand je manifestai en classe une certaine tendance à l'humour!

« L'occasion de la découverte fut un devoir sur Luther : je donnai à commenter à cette classe (particulièrement brillante) une phrase de Lucien Febvre ! " Luther voyait autour de lui plus de ruines que de bâtisses". Madeleine me remit une copie hors de pair.

« Je la retrouvai en première à la rentrée d'octobre 1936.
Cette première était une classe extraordinaire... Quand j'aurai dit que sur les 23 élèves de cette année scolaire, il y en a au moins trois qui ont été agrégées par la suite, on peut mesurer ce qu'elles étaient à 16 ans!
« Pendant les vacances nous avions beaucoup réfléchi Robert et moi à nos problèmes pédagogiques. Nous sentions que nous faisions rien de bon à dire en classe un manuel de notre crû où toutes les parties du programme seraient traitées selon une règle proportionnelle, car c'était exclure toute possibilité de creuser certains problèmes. La parution du petit Aide-mémoire de Maurice Crouzet, si intelligent et si "complet" nous permettait d'innover : nos réflexions aboutirent à une déclaration liminaire que je fis devant mon auditoire juvénile ahuri : "Je ne vous prépare pas au bachot. il y  un excellent aide-mémoire qui vous apprendra le programme. Je vous interrogerai pour vérifier vos connaissances, oralement ou par écrit. Ceci me permettra de vous faire pénétrer plus avant dans la véritable histoire, celle des historiens qui travaillent pour faire avancer nos connaissances".
Madeleine exultait. »

Extraits de Mémoires pour deux (p. 47-48)

dimanche 18 mars 2012

Robert Schnerb

Après les années passées au « couvent laïque » de Sèvres qui l'ont émancipée de son milieu familial et de l’autoritarisme paternel, et donc du risque d'un mariage arrangé et d'une vie d'épouse de commerçant, ou de notable, Madeleine n'imagine plus se marier.
Désormais professeur, et exerçant son métier avec passion, elle est indépendante.
Cependant, à Clermont-Ferrand, isolée et en délicatesse avec sa directrice, elle rencontre Robert Schnerb.
Depuis la rentrée 1926, après ses années de service militaire dans la météorologie, et trois mois effectués au lycée de Nancy, contrairement à ses vœux, il n'est pas nommé à Dijon mais à Clermont-Ferrand, au lycée Blaise-Pascal.
Tout les rapproche.

En 1928 au jardin Lecocq de Clermont-Ferrand; photo probablement prise par un ami de Robert.


Ils sont tous les deux nés à Dijon en 1900 et se sont sans doute croisés dans leur enfance, ils sont issus d'un milieu de juifs commerçants. Il sont athées et très républicains (Robert est de plus en plus marqué à gauche). Enfin, ils sont agrégés d'histoire et très critiques par rapport au savoir et à l'enseignement académiques.
L'affaire de l'évêché les rapproche.
Il se marient le 2 avril 1928 et auront deux enfants rapidement.
Madeleine et Robert se consacrent alors à leur travail intensément, ils sont membres actifs de la société des professeurs d'histoire et de géographie et rédigent des articles pour le Bulletin.
Robert prépare une thèse sous la direction d'Albert Mathiez et Madeleine le seconde dans cette tâche ardue et de longue haleine.

vendredi 16 mars 2012

Salles de classes d'histoire et géographie en 1929

Je crois avoir compris que la salle de classe de Madeleine au lycée Jeanne-d'Arc de Clermont-Ferrand n'était pas idéalement équipée, à la différence - et on le reverra - du lycée ultra-moderne Marie-Curie de Sceaux où elle enseigne à partir de 1937.
Le Bulletin de la Société des professeurs d'histoire et de géographie de l’enseignement public de 1929 informe d'un texte officiel datant du 15 avril sur les classes d'histoire et de géographie.


« CLASSES D'HISTOIRE ET DE GÉOGRAPHIE
Les classes d'histoire et de géographie devront être groupées  dans la même partie de l'établissement et il devra être établi, dans leur voisinage immédiat, une salle destinée à renfermer le matériel d'enseignement (cartes, atlas, ouvrages, photographies, gravures, appareils de projection, films, diapositifs). Dans les classes, on devra pouvoir faire l'obscurité. Il faudra prévoir  une prise de courant et un écran, convenablement placé pour les projections, et un système de suspension fixe pour les cartes.
Pour réaliser ces différentes conditions, on tiendra compte des indications suivantes : 

Salles de classes. — Les dimensions dépendront de l'importance de l'établissement. Ces salles seront, disposées en gradins de faible hauteur pour augmenter la visibilité, sauf dans le cas où l'effectif ne devrait pas dépasser 25 élèves. Elles comprendront :
1- Un grand tableau noir;
2- De part et d'autre du tableau noir, et à la hauteur de son bord supérieur, des cimaises avec pitons placés à distances convenables pour les suspensions de cartes ;
3- Une chaire avec prise de courant 5 A ;
4- Un dispositif pour faire l'obscurité ;
5- Une table-support mobile pour la lanterne de projection très solide ;
6- Dans l'encoignure, près de là porte d'entrée des élèves, sera placé un écran monté sur rouleau à poulie à 45° sur les murs de soutien. L'on pourra, également ménager sur un des murs de la classe une surface rendue absolument plane à l'aide d'un enduit blanc très lisse.

Une prise de courant 15 A sur le mur opposé, dans la partie la plus voisine du support de la lanterne ; les interrupteurs pour éclairage de la salle seront à côté, pour permettre au professeur de rendre rapidement la lumière, afin d'assurer le mieux possible la discipline.
Une grande porte s'ouvrira vers l'intérieur, par mesure de sécurité.
La projection en salle éclairée est recommandée : elle ne peut être utilisée dans le cas de l'emploi des diapositives. Pour la réaliser, on devra se servir d'un écran translucide, protégé sur ses deux faces contre la grande lumière du jour par des joues opaques ; projection à courte distance, face aux élèves.

Cabinet de collections. — Il doit communiquer directement avec les salles. On y placera ;
1- Une armoire-bibliothèque pour les ouvrages spéciaux à renseignement envisagé, les gravures, les photographies, les diapositives ;
2- Un meuble pour les 2 lanternes de projection et leurs accessoires, pour les diapositives, les films et pour l'appareil cinématographique, et enfin pour le globe terrestre ;
3- Un meuble particulier pour recevoir les cartes non enroulées (largeur 1 m. 20, profondeur 1 m. 20, hauteur de 80 centimètres à 1 mètre ou 1. m. 20) avec 4, 5 ou 6 tablettes horizontales. On pourra également adopter un dispositif qui permettra de les tenir suspendues. Les cartes enroulées peuvent être accrochées par une extrémité ou déposées sur un support horizontal ;
4- Une table de travail (120 x 60, hauteur 80 centimètres). 

Salle d'histoire de l'art. — Il conviendra d'installer, à proximité des classes d'histoire, une salle indépendante pour l'enseignement de l'histoire de l'art. A côté de cette salle, on placera un cabinet de collections distinct du cabinet de collections pour l'histoire et la géographie.»

jeudi 15 mars 2012

Un enseignement vivant (2)

Est- ce que le vent politique souffle différemment (c'est l'ère Jean Zay et ses loisirs dirigés - 22 mai 1937), est-ce que Madeleine a fait des progrès, toujours est-il qu'en mai 1937,  l'Inspecteur général Huby souligne « l'aisance, la familiarité souriante à l’égard des élèves », « une parole élégante et facile » même si  « peut-être une fermeté plus vigoureuse dans les méthodes d’enseignement comme dans la tenue générale de la classe donnerait des résultats plus satisfaisants ... plus dignes en tout cas de la culture et du dévouement de madame Schnerb.»

A Riom, en 1936