jeudi 22 mars 2012

Madeleine Amoudruz (Rebérioux) lauréate du concours général (1937)

Madeleine retrouve la jeune Amoudruz en classe de première.
Elle profite de l'excellent niveau de la classe pour montrer aux jeunes filles comment on écrit l’histoire.
Ce fut une révélation !
Madeleine Schnerb décide alors de la présenter au concours général. Elle eut la chance qu'il se déroulât cette année-là en histoire.
Le sujet l'a inspirée ; il portait sur la la Presse de 1789 à 1848. Grâce à son professeur, elle avait étudié Mathiez et la question de la presse à bon marché avait été longuement traité en classe.

Mais, horreur, « elle avait écrit au moins vingt fois journeaux avec un e. »!

Son frère François Amoudruz l'évoque dans « Madé », Cahiers Jaurès, 2006/1 N° 179, p. 17-19.

Au lycée Jeanne-d'Arc (où elle arrive en 1934) elle « travaille avec une facilité étonnante, obtient régulièrement les félicitations du Conseil de discipline, rafle tous les prix (au pire le second), engrange des connaissances et sait les mûrir et les exploiter.
Son cerveau est remarquablement organisé, sa mémoire m’émerveille, mais aussi sa puissance de travail. En première, elle a hésité entre une orientation littéraire ou scientifique. Le choix s’opère pour une large part grâce à Madame Schnerb, qui lui inculquera le goût de l’histoire et pèsera sur son avenir.
Madame Schnerb était née Madeleine Lipschutz (sic), c’était l’épouse de Robert Schnerb, historien de la Révolution française. L’antisémitisme odieux de Vichy les a privés d’enseignement dès l’automne 1940 et contraints à se replier à Coudes, près d’Issoire, pour être moins en vue. On ne peut pas parler de Madé sans évoquer sa passion pour ce professeur magistral qu’elle conservera sa vie durant en maintenant
des contacts étroits et teintés d’affection : elle a longtemps conservé sa photo sur son bureau.

En cette années 1937, Madé qui termine la première, décrochera au bac la mention Très Bien et le Premier prix d’Histoire du Concours Général. La remise officielle de cette récompense me valut d’aller à Paris et de voir le Président de la République Albert Lebrun, lui donner l’accolade et lui remettre au nom de la République la collection reliée de l’Histoire de France d’Ernest Lavisse.
J’étais très fier de ma grande sœur. Nos parents, bien-sûr, étaient aux anges. Nous avons su par la suite que Madé avait traité le sujet (qui portait sur « la presse ») en écrivant des dizaines de fois le mot journaux
avec un e. »

***


Le professeur raconte dans Mémoires pour deux : « Madeleine partit pour Paris où le président Lebrun l'embrassa. Elle fut photographiée dans la presse. Les succès féminins étaient rares encore.
Ma directrice n'en revenait pas! Ainsi je faisais donc travailler les élèves et ne me bornais pas à les amuser avec des projections ! Surtout ce succès convainquit Madame Amoudruz du sérieux de la vocation de sa fille aînée qu'elle vouait en son cœur à la philosophie...»

  ***

Ma mère a toujours dit que Madé était la fille spirituelle de Madeleine Schnerb.

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