samedi 5 mai 2012

Et les élèves à l'époque de la loi Guizot..

Avant la loi Guizot

« […] Par rapport à la population totale le nombre des enfants fréquentant les écoles reste dérisoire : 918 à Clermont sur 30 000 habitants ce qui fait à peine 1/32e de la population de la ville; dans les communes rurales du canton 320 élèves pour 25 000 habitants, c'est-à-dire 1/78e de la population. […]
La grande plaie des écoles primaires c'est toujours le manque de régularité des élèves à cause des travaux des champs ou de la garde des bestiaux.[…]; la difficulté de circuler en hiver dans un pays rude n'arrive pas à compenser l'évasion vers les pacages au moment de la belle saison.[…]»

Écoles illégales

« […] la population préférait souvent ces écoles à bon marché où les maîtres étaient peu exigeants sous le rapport de l'assiduité. […]»

Au temps de la loi Guizot, l’assiduité n'est pas encore la règle!

« Quelles sont les raisons qui empêchent les élèves d'accourir?
1° la misère qui oblige les enfants à travailler jeunes ou à émigrer ; ces élèves indigents ne donneraient d'ailleurs aucune ressource au maître: 2° la dispersion des hameaux.[…] 3° les parents cherchent le bon marché : aussi envoient-ils leurs enfants dans les écoles clandestines.[…]
Pour n'avoir pas voulu créer l'école gratuite pour tous, le gouvernement, malgré son optimisme, se trouvait en face de ce dilemme : l'école chère, pas d'élèves et par conséquent pas de bons maîtres ; ou l'école bon marché, beaucoup d'élèves mais des maîtres sans ressources et qui se dérobaient.[…] »


Voici un de ces enfants qui n'a pas fréquenté l'école quelle qu'elle soit d'ailleurs...

  • « J'allais avoir sept ans, on me confia la garde du troupeau.
    Avant cinq heures, maman me tirait du lit et je partais, les yeux gros de sommeil. Un petit chemin tortueux et encaissé conduisait à la pâture. Il y avait de chaque côté des bouchures énormes sur de hautes levées, avec une ligne de chênes têtards et d'ormeaux aux racines noires débordantes, à la ramure très feuillue. Cela faisait cette "rue creuse" toujours assombrie et un peu mystérieuse - si bien qu'une crainte mal définie m'étreignait en la parcourant. Il m'arrivait d'appeler Médor, qui jappait en conscience derrière les brebis fraîchement tondues, pour l'obliger à marcher tout près de moi ; et je mettais ma main sur son dos pour lui demander protection
    […] »
Émile Guillaumin La vie d'un simple

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