lundi 21 mai 2012

Racontons l’histoire de la pomme de terre (suite)

Une heure de classe avec les petits

 

Racontons l’histoire de la pomme de terre 

(suite)

5- Les jardiniers - comme des médecins - cherchent à guérir la pomme de terre malade.

Pour guérir cette maladie, il fallait chercher d'où elle venait. Mais tous les médecins appelés en consultation n'étaient pas d'accord : les uns disaient : "Cette pauvre plante souffre de n'être plus dans son pays d'origine. Elle devient anémique". Ils ajoutaient qu'elle avait dû prendre froid à la suite d'un brouillard très épais qui avait envahi les champs et elle en aurait attrapé la "grippe noire". Pour un peu, ils auraient conseillé de la faire changer d'air. En tout cas, ils recommandaient de changer les plants, d'en faire venir de plus robustes. Mais ceux-ci , l'année suivante, tombèrent malades à leur tour. C'était à désespérer ! D'autres médecins avaient dit : "C'est un champignon qui mange le tubercule et il faut détruire le champignon". D'autres affirmaient que des insectes ailés attaquaient la verdure des feuilles, ce qui asphyxiait la plante. Ils prétendaient que ces insectes jaunes, à points noirs, étaient nés d'une larve, elle-même venue d'un œuf. Sans doute, ces derniers médecins avaient-ils raison, car le doryphore, qui menace de nos jours les récoltes, est aussi un insecte.
Sur les remèdes à appliquer, les avis différaient aussi : ceux des jardiniers qui pensaient que la pomme de terre avaient la grippe voulaient que l'on se procurât de jeunes plants sains.Un droguiste - qui sans doute voulait vendre des drogues, - voulait lui donner des fortifiants : de bons engrais ! Ceux qui accusaient l'insecte ailé d'être le coupable conseillaient de détruire les larves et en attendant leur disparition, il suffisait d'arracher minutieusement les tiges et les feuilles sans déterrer le tubercule. Celui-ci continuerait à grossir dans la terre et serait sauvé. Des femmes, à qui on donnait quinze sous par jour, se livrèrent donc au travail d'arrachage.

6- La pomme de terre, guérie une première fois, devient une nourriture indispensable à l'homme qui doit toujours la surveiller de près.

Tant d'efforts ne furent pas perdus. La pomme de terre guérit. La leçon avait servi : on en prit plus de soin, on chercha les espèces qui convenaient le mieux au terrain.
Les paysans de jadis qui n'en voulaient pas manger seraient bien surpris de la voir, en toutes saisons, sous toutes sortes d'aspects, apparaître sur la table des riches et des pauvres, traverser les mers pour arriver, à la fin de l'hiver, des pays chauds dans les pays froids, comme "pomme de terre nouvelle". Dans certains pays, - en Allemagne, par exemple, - elle remplace presque le pain. On en tire de la fécule, de l'alcool. Et on se demande comment les hommes ont pu s'en passer si longtemps !
Cela ne veut pas dire que la pomme de terre ne court plus de danger. De nos jours, un insecte, le doryphore, cause de grands ravages, lorsque le paysan est négligent. Mais on peut se procurer des appareils et des produits qui permettent de sauver la récolte.

Madeleine Schnerb


p 235-237, In L’information historique, n°5 juin-juillet 1939.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire