vendredi 18 mai 2012

Racontons l’histoire de la pomme de terre


Une heure de classe avec les petits

 

Racontons l’histoire de la pomme de terre

C'est une bonne vieille amie que la pomme de terre. il est peu de jours où nous ne la voyons pas sur notre table. Nous la comptons parmi les "légumes" indispensables. Ce n'est d'ailleurs pas un légume, au sens propre du mot, mais un tubercule. C'est peut-être pour cela que les hommes n'en ont pas voulu jadis.

1- La pomme de terre est venue d'Amérique.

L’Amérique, ce grand contient où des paquebots énormes comme Normandie transportent des voyageurs en moins de quatre jours, était inconnue des hommes de nos pays, il y a cinq cents ans. Alors vivaient en Amérique des Indiens qui chassaient, pêchaient et faisaient quelques cultures  : parmi celles-ci, il y avait la pomme de terre qui ressemblait un peu à la patate douce que cultivaient les Romains. Les Indiens récoltaient le tubercule, le faisaient cuire, le pelaient, l'exposaient tour à tour au soleil et à la gelée pour le faire dessécher. C'était le hachaca. (Les habitants du Pérou agissent encore ainsi.) Cette plante vécut d’abord en Amérique du Sud, puis se déplaça peu à peu vers le Nord.
Les Européens vinrent en Amérique. Ils ne se préoccupaient pas du tout de la pomme de terre ; ils cherchaient là-bas de l'or et de l'argent... Cependant, des botanistes, savants qui aiment étudier les plantes, rapportèrent en Angleterre des plants de pomme de terre pour les regarder pousser. Les unes avaient des fleurs rouges pâles, d'autres bleu très pâle et les tubercules étaient ou rouges ou jaunes.

2- La pomme de terre fut bien cultivée en Europe, mais les gens de France n'en voulaient pas manger.

Il y a deux cents ans, on cultivait des pommes de terre en Angleterre, en Allemagne, en Suisse, en Hollande, pays voisins du nôtre.
En France, on l'appelait "patate" ou truffe sèche" ou "cartoufle" (les Allemands, Kartoffel). Pendant une guerre, les soldats français, n'ayant pas reçu leurs vivres, avaient dû s'en contenter pendant dix jours.
Mais on n'avait pas confiance... On disait que cette nourriture provoquait des fluxions de poitrine, des pleurésies, des fièvres. On pensait qu'il ne fallait en donner qu'aux animaux.
Des hommes sages savaient cependant qu'elle rendrait beaucoup de services, car, en ces temps-là, quand la récolte de blé était mauvaise, les gens mouraient de faim, n'ayant rien d'autre à manger. Aussi, un savant, Parmentier, avait-il présenté la pomme de terre à d'autres savants et il s'efforçait de la faire apprécier. Le Roi Louis XVI mit des fleurs de "parmentière" (pommes de terre) à sa boutonnière.
Turgot, un homme qui devint ministre plus tard, alla dans le Limousin, une région montagneuse assez pauvre, et essaya de faire comprendre aux gens des campagnes que la pomme de terre est bonne à manger. Il s'en faisait servir à sa table tous les jours, en distribuait à ses amis, aux curés de toutes les paroisses, invitaient les paysans à en goûter.
Un grand écrivain, Voltaire, fit fabriquer du pain avec du seigle, du froment mélangés à de la pomme de terre. On se mit à donner des recettes : couper le tubercule en rondelles et le faire frire, ajouter du vinaigre. On donner aussi des exemples de guérisons miraculeuses ; une dame de trente-trois ans avait une maladie d'estomac, elle en fut guérie après avoir mangé des pommes de terre qui lui rendirent tout bonnement l'appétit.

3- La pomme de terre fait la conquête des champs d'Europe.

Il y a un peu plus de cent ans, on cultivait des pommes de terre partout, aussi bien dans les terrains secs que dans les terrains humides. On disait qu'on n'avait plus à craindre de famines. On affirmait que cette plante avait toutes sortes d'avantages : elle n'était pas sujette aux maladies, la récolte en était certaine, elle était facile à préparer. On disait aussi, il est vrai qu’elle ne nourrissait pas beaucoup.
Certains pays, autrefois très misérables, vivaient mieux depuis qu'ils avaient fait sa connaissance ; la population devenait plus nombreuse, en Irlande (une île très humide), en Allemagne (dans les régions marécageuses) et dans des régions montagneuse. Cependant, la culture n'était pas encore satisfaisante partout : en Irlande, par exemple, on arrachait  le tubercule au fur et à mesure des besoins, quitte à le laisser geler dans la terre en hiver. Pour faire des économies, on ne plantait que le germe et le reste servait  à la nourriture des animaux. Peu importait, disait-on : c'était une plante robuste, qui ne craignait rien et s'accommodait de toutes les intempéries !

4- Un grand malheur survient : la pomme de terre tombe malade.

 D'autres années passèrent. On apprit à cultiver de mieux en mieux la pomme de terre, on sut la conserver l'hiver, on en eut de toutes les espèces. Elle était devenue l'amie inséparable de l'homme et on crut qu'il n'y aurait plus jamais de famine. Et voilà qu'un jour, il y a à peu près cent ans seulement, les tubercules récoltées sont tachés, desséchés, puis durcis. Simple alerte : le mal disparaît vite...
Mais, un beau matin de l'été 1845, les cultivateurs de Belgique, de Hollande, de France s'aperçoivent que les feuilles et les tiges de leurs plants sont à nouveau tachées et cessent de grandir. Ils arrachent des pieds et voient qu’une sorte de poison pénètre dans al sève, noircit le tubercule qui se déchire. Cette désagréable surprise a lieu pour beaucoup de cultivateurs français le 25 juillet 1845 ! Les paysans, qui vivaient à ce moment, s'en souvinrent longtemps ! Les deux tiers de la récolte sont perdus et le reste ne se garde pas. Dans les pays comme l'Irlande, où les paysans comptent sur la pomme de terre pour vivre, c'est de nouveau la misère, la famine,. Des milliers de gens meurent. D'autres quittent leur pays pour aller en Amérique. Cette maladie donne du souci aux ministres de beaucoup de pays (surtout en Angleterre). Partout on recherche des remèdes.


(à suivre)

Madeleine Schnerb


p 235-237, In L’information historique, n°5 juin-juillet 1939.

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