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L’urbanisme est une autre illustration de cette
juxtaposition brutale. Toutes les villes marocaines sont faites de de deux
villes plus ou moins éloignées : la Médina – et la Mellah qui la flanque –
la ville européenne où une large Avenue de la république a été baptisé en Av.
Mohammed V.
C’est à Marrakech où peut-être le heurt entre les deux
genres d’urbanisme est le moins brutal car l’Av. Moh V semble l’allée
triomphale qui conduit à la Koutoubia. Mais cependant la Medina reste un monde à
part, un monde fermé alors que la ville européenne est par-dessus tout une
ville ouverte tracée pour s’ouvrir toute grande à la circulation automobile.
Meknès est au contraire une des villes où les distances
entre les deux cités est la plus marquée. Aussi la Medina est-elle bordée d’une
rue européenne qui a dû être le quartier résidentiel des premiers
occupants avant que l’autre côté de la colline ait été bâti. Si nous avons vu
Marrakech avec une Médina grouillante d’un peuple affairé, nous avons vu Meknès
Medina comme vidée de sa substance, puisque toute la Médina était sortie pour
voir Tito passer !! Nous pouvions ainsi imaginer ce que ce serait que la
sortie de la Medina à l’assaut du quartier européen ! Plus que des
discours cette vision peut donner l’idée de la « Peur » qui peut
dresser les deux mondes l’un contre l’autre ! et maintenant au Maroc les
hommes de la Sécurité Nationale en bel uniforme rentrent chez eux le service
fini, ….. en Medina ! On comprend que les Français prennent peur,
parfois ! Ainsi peu à peu les Marocains s’installent dans les
magasins et les immeubles neufs. Ils se peut que parfois la baignoire serve à
la culture de la menthe !!! Argument enfantin qui ne peut empêcher le
mouvement annoncé.
Comme il ne m’appartient pas de décrire les villes
marocaines, (d’autres l’ont fait) je veux précisément tâcher d’évoquer Sidi Rahal,
parce que c’est une cité en création… qui avortera peut-être, mais qui peut
nous aider à imaginer ce que furent Marrakech, Meknès ou Fez il y a cinquante
ans.
Sidi Rahal tire son nom d’un Saint : aussi la cité
est-elle dominée par un ensemble de sanctuaires, lieux anciens de pèlerinage,
sur une sorte de butte témoin au-dessus de l’oued. Là aussi est le cimetière
juif.
C’est en contre bas de la colline que se tient
le souk, tous les jeudis, souk en plein air, très animé où une foule de
Marocains s’agite autour de poteries, des articles de quincaillerie, des
légumes, de la viande (vérifiée maintenant par le Service sanitaire, et pendue
sous des abris récemment rendus obligatoires !!). Au-delà habitent les
Marocains, dans des maisons-tanières, collées les unes contre les autres, et où
les Européens ne se montrent guère, maisons qu’on distingue mal du paysage.
C’est dans la plaine à 1 km environ de là que le
« Jeune Maroc » à l’instar des Français a planté sa cité
administrative et enseignante, au-delà du Palais du Palais du caïd ancienne
résidence féodale.
Ce Palais du Caïd, gardé (image 1026) par des Mogarzis (Moghazni ?), a
fière allure et ressemble à tous les palais marocains : fortifications
extérieures, beau jardin, mosaïques, beaux plafonds en bois. Le bureau des PTT
s’y abrite. Dans une aile le Caïd a prêté une belle salle pour le foyer
culturel.
Non loin de là un ancien palais du khalifat a été la
première école de Sidi Rahal et est maintenant l’internat, outillé à la
française, convenable : que d’écoles françaises occupent elles aussi d’anciens
châteaux, aussi mal adaptés à ce petit univers concentrationnaire qui est un
internat. Bernard l’a décrit de plume allègre lorsqu’il y enseignait. Maintenant
les classes sont toutes installées dans des bâtiments neufs sans caractère mis
au milieu d’un large espace, car les futures avenues sont encore terrains
vagues. C’est de part et d’autre de ces futures artères que sont
disséminées les villas occupées par le personnel administratif, médical
(l’infirmerie), enseignant, villas de style méditerranéen commodes et
banales : toutes ces maisons sont données en fonction des droits ou des occupations
et sans discrimination de race ou d’origine."
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